L'enfant des étoiles
Picture by Zevache1
L’enfant des étoiles
I
Comme une enfant des étoiles, les pieds nus sur le sol,
Je marche. Chaque mot trace le boulevard de mes pas errants,
Les ampoules grésillantes de sinistres plafonds sous l’alcool
Et la route me chante de bien tristes chansons, souvent.
Où sont les rivières ? Ces eaux gorgées de matin
Quand la lumière s’éveille, foisonnante, charnelle,
Qu’elle vibre à en faire frissonner les sapins.
Je ne vois que le ciment, le silence… Sans appel…
Les yeux rivés sur les flaques, miroir de mes océans,
Je cherche une vague pour me fondre en elle, un peu sirène,
Amoureuse des baleines et de leur ballet en un printemps
Mais aucun mouvement en ces fonds sinon le remous de mes veines.
Quand on est enfant des étoiles, on embrasse la terre,
On la respire telle la dernière citadelle d’un monde légué
Par nos anciens, la nature, notre raison d’être
Et on s’incline face à ce sacrement, à ce mystère de beauté.
Où sont les grandes divinités ? Les lianes enlaçant la pierre ?
Je cherche encore ces temples, chacune de leur fissure
Par où se glissent les rayons, l’histoire des temps, la poussière.
Sous les voutes humaines, je cherche mon architecture.
Alors, je me tourne vers la lune, sa blancheur,
Invoquant quelques anges peut – être, leurs ailes de poudreuse.
Je demeure là respirant dans la nuit avec lenteur
Car une enfant des étoiles ne peut se nourrir que de nébuleuse.
II
Le bleu marine, autour de moi
Des constellations qui m’inondent.
Sous mes yeux, Endymion qui croit
Que Séléné, sous ses mèches blondes,
Le regarde encore, rêveuse
D’amour, d’argent et de secret.
La demoiselle rend malheureuse
Et le monde est trop discret.
J’écoutes ses harmonies. Paix.
Alors que l’obscurité s’installe
Et que l’inconscience se fait,
Le sommeil prend ses teintes opales,
Ses hémisphères un peu douteux
Où vérités et songes s’embrasent
En un manuscrit majestueux.
Et Séléné crie en extase :
III
« Nourrie toi du ciel cristallin
Enfant des étoiles, tendre gamin ! »