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Salieri


O Salieri ! Comme je te comprend parfois ! L'âme grise, soumise à tant de foi ! Comme toi, je donnerais mes mains aux anges Pour qu'elles dessinent en une musique quelques louanges Mais j'ai beau plié ma nuque et m'incliner aux heures, Mes doigts s'agitent et il ne sort rien de mon cœur. O Salieri ! Pourquoi donnons-nous tout notre honneur ? Pourquoi travaillons-nous et oublions en nous le dormeur ? Pourquoi souffrons-nous de la beauté et de ses draps Alors que sommeille en nous le triste univers, le son des lys sous nos pas ? O Salieri ! Comme toi, j'aimerais murmurer quelques notes, M'effondrer sous le poids du drapeau qui, dans le vent, flotte, M'enivrer d'un jardin de bleuets ou pourquoi pas de tournesols. Et je tournoie, tournoie pour finir malhabile sur le sol. O Salieri ! Tes larmes en moi résonnent Et sous les violons tout autour de moi sonne. Je voudrais hurler aux cathédrales le mal que l'on se donne, Les nuées, l'automne, la sueur et le jasmin sous l'orage qui tonne

Mais, Salieri, mon ami, nous sommes des pauvres hommes. La musique ne veut pas des croqueurs de pomme. Elle s'infiltre là où personne ne l'attend Laissant nos pauvres existences dans le froid firmament.

Toussaint 2016.

© Aline Boussaroque

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